Décrite par le Pr Saurat (Université de Genève), la dermatoporose désigne la finesse et la fragilité cutanée extrême des personnes âgées de 70 ans et plus. Sa prévalence concerne principalement les avant-bras, les jambes et les mains.

Le phénomène peut être comparé à celui de l’ostéoporose, maladie caractérisée par une détérioration de la micro-architecture du tissu osseux. Avec l’âge, on retrouve cette même fragilité au niveau cutané et dans certains cas, elle peut provoquer des déchirures de la peau. Les premiers signes apparaissent à l’âge de 60 ans, et les complications associées à partir de 70 ans

La pathologie évolue en quatre stades, et au stade initial, plusieurs manifestations cliniques doivent éveiller la vigilance des soignants
et des personnes concernées.

Stade I: On note un fort amincissement de la peau qui devient aussi fine que du papier de cigarette, translucide et ridée. Cette réduction de l’épaisseur de la peau est due à une diminution des principaux composants de la matrice extracellulaire. Des pseudo-cicatrices stellaires, atteintes dermiques en forme d’étoiles, sont également observées avec une prédominance chez les femmes au niveau des mains et des avant-bras. Elles peuvent s’accompagner de purpura sénile chez 30 à 50 % des patients. Le purpura résulte de traumatismes causant de petites hémorragies du derme en l’absence de troubles de coagulation.

Stade II: Apparition de petites lacérations cutanées localisées qui résultent d’un clivage entre le derme et l’épiderme.

Stade III: Lacérations plus nombreuses pouvant impliquer toute la surface des extrémités. Retard net de cicatrisation.
Les stades II et III sont aussi appelés « SKIN TEARS ». Les lésions sont provoquées par des frottements ou des cisaillements

Stade IV:
Larges zones cutanées nécrosées. Apparition d’hématomes disséquants. Ce dernier stade constitue une urgence médicale et nécessite une hospitalisation

Cette fragilité cutanée est à relier à une perte progressive des propriétés viscoélastiques de la peau, donc de sa capacité à absorber les contraintes mécaniques.

La dermatoporose est la conséquence directe de la diminution du taux
d’acide hyaluronique qui donne à la peau toute son épaisseur et sa résistance. Cette diminution est expliquée par la déficience des récepteurs CDAA qui sont impliqués dans les mécanismes de néosynthèse de l’acide hyaluronique

Les principaux facteurs de risque de la dermatoporose sont: l’âge, le sexe (les femmes sont plus touchées que les hommes), les corticoïdes, les maladies associées à la dénutrition et l’immobilité

Appétit Sarcopénie dénutrition

Traitement préventif

• L’association de rétinaldéhyde et de fragments d’acide hyaluronique (Denséal® Avène) semble améliorer une peau atrophique dermoporotique
• L’apport de compléments nutritionnels oraux permet de lutter contre la dénutrition

Les compléments nutritionnels oraux = CNO

Traitement de ce types de plaies

Ces plaies sont traitées par des pansement hydrocellulaires.
Le lambeau de peau doit dans la mesure du possible être conservé et repositionné sans sa position initiale à l’aide de pincettes ou de compresses
humidifiées, car il aide à la cicatrisation. Ne pas tirer sur le lambeau pour l’étendre Laisser le pansement en place jusqu’à 7 jours pour éviter les traumatismes sur le lambeau. Si le lambeau est pâle ou foncé, réévaluer la plaie dans les 24-48h. Ne pas utiliser de sutures adhésives, ni de colles cutanées ou de crèmes protectrices avec les pansements adhésifs.
N’utiliser de sutures ou des agrafes que si la plaie est une lacération avec perte totale de tissu.
Privilégiez les pansements non adhésifs maintenus à l’aide d’une bande ou d’un filet tubulaire. Dessiner une flèche sur le pansement pour indiquer le sens de retrait du pansement. Si besoin, humidifier le pansement au retrait.

Les pansements pour ulcères et/ou escarres