La vitamine D est apportée par notre alimentation, mais elle est aussi surtout apportée par notre peau qui la synthétise lorsqu’elle est exposée au soleil. Pendant les longs mois d’hiver, notre corps n’en synthétise plus. La fameuse huile de foie de morue de nos grand-mère est plus que d’actualité!
Qu'est-ce que la Vitamine D? | SelectAfficher> | ||
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La vitamine D est une vitamine apportée par l’alimentation et synthétisée au niveau de la peau sous l’action notamment des rayons UV. Mais c’est aussi une hormone stéroïde à part entière, qui joue un rôle important pour notre santé. C’est le manque de vitamine D qui est responsable du rachitisme, maladie qui entraîne la déformation du squelette durant l’enfance. Même si les vrais cas de rachitisme sont aujourd’hui exceptionnels en France, des études épidémiologiques récentes établissent que toutes les catégories de la population sont majoritairement déficitaires en cette vitamine: enfants, adolescents, femmes enceintes, séniors… Selon une étude publiée dans le BEH du 24 avril, 42,5% des Français de 18 à 74 ans ont un déficit modéré en vitamine D et 4,8% ont un déficit sévère – tandis que 80% d’entre eux présentent une insuffisance en cette vitamine
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Structure chimique de la vitamine D | SelectAfficher> | ||
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La vitamine D n’est pas une vitamine mais une véritable hormone stéroïde avec une synthèse, un transport sanguin puis des actions endocrines et paracrines via un récepteur nucléaire. En fait, le terme de vitamine D est un abus de langage et regroupe un ensemble de métabolites différents, tous dérivés du cholécalciférol, ou vitamine D3. Le métabolite actif est la forme di-hydoxylée (1-25[OH]2D3) = dihydrocycholécalciférol. La forme de réserve de la vitamine D est la forme 25(OH)D3 dont la demi-vie est longue et la synthèse peu régulée ; elle est stockée au niveau hépatique. La vitamine D est transportée dans le sang par une protéine, la BDP.1µg de vitamine D = 40 UI de vitamine D
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Les apports en vitamine D | SelectAfficher> | ||
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La vitamine D est à la fois apportée par notre alimentation (1/3 des besoins) et aussi fabriquée par notre peau (2/3 des besoins) sous l’action des rayons UV du soleil. Elle est ensuite stockée et transformée dans notre foie. Le rein la transforme en vitamine D active. Vitamine D et soleilEn été, 15 à 30 minutes/jour d’exposition des bras et du visage sont suffisantes pour apporter à un adulte en bonne santé les 2/3 des besoins quotidiens en vitamine. Cependant, il faut savoir que la production de vitamine D par la peau dépend:
Avec l’âge, la peau produit moins efficacement de la vitamine D Vitamine D apportée par l’alimentation
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Métabolisme de la vitamine D | SelectAfficher> |
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Le cholécalciférol est soit synthétisé par la peau sous l’action des rayons ultraviolets à partir du 7 déhydrocholestérol (7-DHC), soit apporté par l’alimentation. Il subit une double hydroxylation en 25 au niveau du foie puis en 1 au niveau rénal ; ce métabolite a une durée de vie courte et sa synthèse est finement régulée en modulant l’expression du gène de l’enzyme 1 α-hydoxylase (CYP27B1) responsable de l’hydroxylation rénale. Sa dégradation est également régulée par modulation du gène de la 24 hydroxylase (CYP24).
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Quels sont les rôles de la Vitamine D? | SelectAfficher> |
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L’action de la vitamine D s’exerce sur les tissus cibles par le biais d’un récepteur nucléaire (VDR), le couplage vitamine D/récepteur modulant alors la transcription de nombreux gènes.
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Grossesse et vitamine D | SelectAfficher> |
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La Vitamine D joue un rôle majeur dans la minéralisation du squelette fœtal car elle augmente la capacité de l’intestin maternel à absorber le calcium dès les premiers jours de grossesse, et à une augmentation de la résorption osseuse pendant le dernier trimestre de la grossesse. De plus, chez les nouveau-nés carencés en vitamine D, on détecte un niveau bas d’interleukine 10, régulateur central de l’apparition d’une allergie.* Une méta-analyse publiée dans le BMJ** montre qu’une qu’un faible taux de vitamine D mesuré dans le sérum de la la mère pendant la grossesse est associé à un risque plus élevé de diabète gestationnel, de pré-éclampsie, de vaginite bactérienne et de plus faible poids de l’enfant à la naissance. Les avis divergent sur la supplémentation en Vitamine D pendant la grossesseHAS (2005) conseille une complémentation en vitamine D en cas de grossesse se déroulant l’hiver, soit pour les accouchements prévus de mars à juin. Elle est aussi conseillée lorsque l’exposition au soleil est impossible, en cas de risque de chloasma gravidique. le collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) conseille la prescription systématique d’une dose unique de Vitamine D 100 000 UI au début du septième mois de grossesse. La supplémentation en vitamine D est fortement recommandée lors du 3ème trimestre de la grossesse et systématique pour le jeune enfant. Cela a permis la disparition des hypocalcémies néonatales sévères par carence vitaminique maternelle et celle du rachitisme carentiel commun du petit enfant, du moins dans notre pays.
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Enfants, adolescents et vitamine D | SelectAfficher> |
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De nos jours, dans la population Française, rares sont les enfants et adolescents présentant des signes cliniques de carence en vitamine D; même si quelques cas véritables de rachitismes carentiels ont été décrits chez l’adolescent, principalement parmi les populations migrantes (33 cas ont été décrits en région rouennaise chez des adolescents par Mallet en 2000). Une carence «biologique» est décrite dans toutes les populations adolescentes, qu’elles soient américaines, australiennes, chinoises, norvégiennes, irlandaises ou françaises. Elle est plus marquée en période hivernale qu’en période estivale et pour les populations à peau pigmentée. Les adolescents obèses sont plus fortement carencés en vitamine D, certes en raison de leurs habitudes alimentaires et de leur moindre exposition solaire, mais également en raison d’une moins bonne biodisponibilité de la vitamine D qui se retrouve «piégée» dans le tissu adipeux. Même si elle est totalement asymptomatique, cette carence occulte durant l’adolescence risque d’avoir un retentissement à l’âge adulte, ce d’autant plus que, le plus souvent, elle perdure. Cette carence chronique provoque une élévation des taux de PTH, certes non pathologique, mais entraînant une modification du remodelage osseux avec de possibles conséquences au long terme. Par ailleurs, des adolescentes carencées en vitamine D puis supplémentées pendant deux années, ont une moins bonne accrétion osseuse que leurs pairs non carencées initialement : cela se traduit par un contenu minéral osseux moindre, même s’il est amélioré, et suggère que le retard n’est pas rapidement comblé. Le retard de minéralisation osseuse chez une adolescente carencée en vitamine D semble long à combler. Il semblerait par ailleurs qu’une carence en vitamine D dans la petite enfance (apports inférieurs à 10 μg/j) soit associée de façon significative à la survenue d’un diabète insulinodépendant (étude EURODIAB 1999*) et à la majoration de l’insulinorésistance chez des adolescentes obèses, et ce par des mécanismes physiopathologiques différents (modulation de l’immunité, sécrétion de l’insuline), et à la survenue de pathologies neurologiques auto-immunes. Pour toutes ces raisons, une supplémentation en vitamine D est souhaitable chez l’adolescent et peut se faire en prescrivant un apport de 100 000 UI à l’entrée de l’hiver puis en févier-mars, associé à la prise de 3 à 4 produits laitiers quotidiens. |
Les carences en vitamine D | SelectAfficher> |
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Les situations à risque de carences en Vitamine DLes sujets les plus à risques ce sont les personnes à la peau mate ou noire. A tel point que les américains préconisent systématiquement un apport en vitamine D aux femmes noires enceintes. En tous cas ces personnes doivent s’exposer plus longtemps au soleil que les autres pour obtenir les mêmes résultats. Les végétaliens qui ne consomment ni viande, ni poisson, ni œufs, ni produits laitiers sont aussi à risque. Certaines maladies comme la maladie cœliaque peuvent entraîner un déficit en vitamine D. Les personnes âgées sont aussi à risque, car leur organisme absorbe moins bien et synthétise mal cette vitamine. Les personnes qui sont en situation d’obésité. Les besoins en vitamines D sont deux à trois fois plus importantes chez une personne obèse car la vitamine D va être séquestrée dans les tissus gras. Bloquée par la graisse, elle va être moins disponible. Les signes cliniques d’une carence en Vitamine D
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Bilan biologique d'une carence en vitamine D | SelectAfficher> |
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Dosage de la vitamine DLe dosage sérique de la vitamine D ou 25(OH)D3 permet de mettre en évidence un déficit Dosage de la PTHLa carence en vitamine D entraînant une élévation de la PTH (parathormone), certains auteurs se basent sur cette élévation pour reconnaître un état de possible carence en vitamine D.
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Traitement par la vitamine D | SelectAfficher> | ||
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Posologie400 à 800 UI par jour. La vitamine D est utilisée le plus souvent avec une supplémentation en Calcium.
Interactions médicamenteuses:Les laxatifs à base d’huile de paraffine (Lansoyl®, lubentyl®…), pris régulièrement, peuvent diminuer l’absorption des vitamines liposolubles, notamment la vitamine D. Certains médicaments inhibant l’absorption des lipides: Alli®… peuvent diminuer l’absorption des vitamines liposolubles Effets secondaires:Uniquement en cas de supplémentation: maux de tête, nausées, vomissements, perte de poids, fatigue intense Contre-indications:Hypersensibilité, hypercalcémie, hypercaliurie, lithiase calcique, personnes souffrant de granulomatose, comme la sarcoïdose ou la tuberculose (La vitamine D active joue un rôle important dans la stimulation de la différenciation des macrophages au sein du granulome). |
Quand faut-il consulter un médecin? | SelectAfficher> |
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Dans ces cas, une consultation médicale s’impose
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Voies de recherche sur la vitamine D | SelectAfficher> |
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TuberculoseL’équipe du chercheur Malcolm Green, a effectué un essai clinique de 1848 concernant l’utilisation de l’huile de foie de morue dans le traitement de la tuberculose pulmonaire*. Cet essai clinique a été mené à l’hôpital de Brompton en Angleterre sur plus de 1000 tuberculeux répartis en 2 groupes. Dans le groupe traité par l’huile de foie de morue, une stabilisation de l’état des malades a été obtenue chez 18 % d’entre eux contre 5 % dans le groupe témoin. L’aggravation de la maladie ou la mortalité a été de 33 % dans le groupe témoin contre 19 % dans le groupe traité. L’effet bénéfique de l’huile de foie de morue a été attribué par la suite à sa richesse en vitamine D qui joue un rôle dans la défense contre les infections. * Cod liver oil and tuberculosis BMJ2011;343doi: 10.1136/bmj.d7505(Published 20 December 2011) |
Anne-Sophie DELEPOULLE (Dr en Pharmacie)
Dernière modification le: Sep 20, 2021 @ 15h17