De nombreux médicaments passent dans le lait et risquent d’être absorbés par votre bébé.
C’est pourquoi il vaut mieux s’abstenir de prendre des médicaments pendant l’allaitement.
L’aromathérapie, la phytothérapie mises à part les plantes qui aident à l’allaitement, sont aussi déconseillées en raison de données insuffisantes…
Influence des médicaments sur la sécrétion lactée |
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Les médicaments capables d’inhiber ou de stimuler la sécrétion de lait sont en petit nombre.
- Médicaments inhibant la sécrétion lactée:
Agonistes dopaminergiques (bromocriptine, lisuride), indiqués dans le sevrage. Les diurétiques de courte durée d’action, l’acide valproïque, le danazol, les hormones estrogènes, les anti-estrogènes et la nicotine.
- Médicaments augmentant la sécrétion lactée:
Antagonistes dopaminergiques (antipsychotiques, métoclopramide, dompéridone); non utilisés en France dans le but d’augmenter la quantité de lait (pas d’AMM). Les bêtabloquants, methyldopa, théophylline, antiH2, buspirone, Neuroleptiques.
L’ANSM met en garde sur l’usage détourné de la dompéridone pour augmenter la sécrétion lactée. Il y a un risque grave pour la mère et l’enfant et un risque de mort subite du nourrisson! La dompéridone passe dans le lait maternel et fait courir au nourrisson des risques cardiaques* *(Source: Rev Prescrire 2008; 28(299) : 689-692.)
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Comment les médicaments passent-ils dans le lait? |
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L’excrétion des médicaments dans le lait ne constitue habituellement qu’une voie très accessoire d’élimination (généralement, le pourcentage de la dose ingérée passant dans le lait en 24 heures est inférieure à 1 %), mais celle-ci peut, malgré tout, exposer le nouveau-né à un réel danger.
Il existe 3 mécanismes de passage d’un médicament dans le lait.
- La diffusion passive concerne principalement les molécules libres non ionisées (interviennent, notamment, la teneur en lipides du laits et son pH). Pour passer à travers une membrane biologique, le médicament doit se trouver sous forme libre et non ionisée. Le mode de diffusion passive correspond à un passage bidirectionnel avec équilibre entre les deux compartiments, c’est à dire que la concentration du médicament dans le lait évolue dans le même sens qu’au niveau plasmatique
- La diffusion intercellulaire directe est plus rare. Elle concerne les molécules de très faible poids moléculaire inférieur à 200 daltons.
- Le transport actif est très rare et concerne principalement les substances endogènes comme les immunoglobulines mais aussi l’iode et le tétrahydrocannabinol (issu du cannabis). L’iode et l’iode radioactif passent dans le lait par ce mécanisme de transport actif et y sont retrouvés en grande quantité
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Principes généraux sur le passage du médicament dans le lait |
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- La biodisponibilité du médicament chez la mère (concentration plasmatique et la voie d’administration), influe dans son passage dans le lait: Plus un médicament est « biodisponible », plus il passe dans le lait.
- Le poids moléculaire d’un médicament influe dans son passage dans le lait : plus il est élevé et moins le médicament passe dans le lait (le seuil est de l’ordre de 600).
- Sa liposolubilité : plus une substance est liposoluble et plus elle passe dans le lait. Prudence donc avec les médicaments influençant le système nerveux central comme les psychotropes et les benzodiazépines…
- De même que le lait étant plus acide que le plasma, les bases faibles passeront plus facilement dans le lait
- Son taux de fixation sur les protéines plasmatiques : seule la fraction libre étant diffusable, les substances très fortement fixées diffusent généralement peu dans le lait. On considère comme forte une fixation d’au moins 80 – 90 %.Le degré de ionisation du médicament (dépend du pKa de la molécule et du pH): plus une substance est ionisée, moins elle diffuse à travers les membranes biologiques. Comme le pH du lait est généralement plus acide que le pH plasmatique, les bases faibles (comme les bêta bloquants) sont généralement piégés dans le lait
- La demi-vie de la substance active et de ses métabolites : le risque est réduit avec des produits présentant une courte demi-vie. Et si les métabolites sont inactifs ou très peu actifs. Il faut compter au moins 5 demi-vies pour qu’il n’y ait plus aucune trace du médicament dans le lait de la maman
- Le moment du pic lacté après la prise: par exemple de 2 à 4 heures pour l’aspirine. Plus la tétée est proche du pic et plus la quantité de médicament présente dans le lait est importante. Tout comme le lait varie dans sa composition au cours du temps, le passage des médicaments dans le lait peut lui aussi fluctuer…
- L’âge de l’enfant : plus l’enfant est jeune et en général moins développés sont ses mécanismes d’inactivation métabolique. La demi-vie d’un médicament est parfois très différente chez le nouveau-né!!!
- Une altération éventuelle des capacités d’excrétion rénale chez l’enfant influe sur le risque. Plus l’enfant a un système rénal immature, et plus il y a de risque d’intoxication
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Le RID |
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Le RID ou « Relatif Infant Dose » est un indicateur qui permet d’estimer la dose active de médicament reçue par l’enfant par rapport à celle absorbée par sa mère.
NB: on estime qu’un nouveau-né ingère en moyenne 150 ml de lait par kilo et par jour
On classe parfois les médicaments en trois catégories selon la valeur de leur « RID » :
- Inférieur à 1 % : très peu de risque
- Entre 1 et 10 % : risque intermédiaire
- Supérieur à 10 % : contre-indiqués
Par convention, le seuil de contre indication formelle est fixé à un RID > 10%. Mais bien d’autres facteurs entrent en ligne de compte pour des valeurs inférieures, comme la toxicité intrinsèque du produit.
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En pratique |
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Si vous êtes sous traitement chronique, il est préférable de faire le point avec votre médecin et de lui indiquer que vous allaitez ou que vous désirez allaiter après votre grossesse
En cas de prise impérative et avec l’accord avec votre médecin, les doses seront les plus faibles possibles et la durée du traitement la plus courte possible. Il est préférable de prendre le médicament juste après une tétée
Il est recommandé en plus, de :
- Ne pas prendre des médicaments non indispensables ou n’apportant pas de bénéfice démontré.
- Éviter les associations de principes actifs.
- Choisir des médicaments pour lesquels on bénéficie d’un long recul d’utilisation chez les femmes qui allaitent (et au mieux utilisés couramment en pédiatrie).
- Préférer si possible les voies locales : cutanées ou inhalées.
- Privilégier les molécules à demi-vie courte, de biodisponibilité faible et de poids moléculaire aussi élevé que possible et ne s’accumulant pas dans l’organisme. Eviter les formes à libération prolongée
- Il faut préférer des durées d’administration les plus courtes possibles : voire des prises uniques.
- Conseiller éventuellement des prises justes après les tétées, ou en tenant compte du pic de concentration dans le lait.
- Il faut aussi tenir compte de possibles interactions avec des médicaments pris par le nourrisson lui-même.
- En cas de prise inévitable d’un traitement par la mère, la surveillance du bébé sera renforcée.
Pas d’automédication pendant l’allaitement!
Pendant toute la durée de l’allaitement (même si vous n’allaitez plus qu’une seule fois par jour, ne prenez jamais aucun médicament en dehors de l’avis d’un professionnel de santé
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Allaitement et contraception d'urgence |
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En cas de prise de Norlevo®, l’allaitement est déconseillé pendant les 8 heures qui suivent la prise de ce médicament. En pratique, il est conseillé de donner la tétée juste avant la prise de Norlevo® et d’attendre 8 heures avant de redonner le sein
En cas de prise d’ELLAONE®, l’allaitement est déconseillé pendant une semaine. Il est conseillé à la maman de tirer son lait et de le jeter pendant cette période pour ne pas interrompre la lactation.
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Vaccinations et allaitement |
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La Vaccination de l’enfant ou de la mère est compatible avec l’allaitement.
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Anne-Sophie DELEPOULLE (Dr en Pharmacie),
Dernière modification le: Sep 20, 2021 @ 15h18