De nombreux médicaments augmentent la sensibilité aux UV: pour certains, il s’agit d’un effet thérapeutique recherché (puvathérapie) mais le plus souvent, elle est un effet indésirable.
Les photodermatoses sont des affections cutanées dues aux rayons UV (naturels ou artificiels comme les cabines à UV) se manifestant par des brûlures, des éruptions eczématiformes, urticaires, pigmentations, photo-onycholyses (décollement total de l’ongle dû aux UV), pseudoporphyries (présence de bulles plus ou moins hémorragiques, localisées au visage, aux pieds, et aux mains).
Deux grands types de mécanismes sont en cause dans la survenue des photodermatoses: photo toxicité et photo allergie. Un même médicament est parfois à l’origine de photodermatoses toxiques et de photodermatoses allergiques.
Elle se traduit par un « coup de soleil » disproportionné et une sensation de brûlure , avec parfois des réactions sévères à type de brûlures du deuxième degré. Elle se localise au niveau des zones découvertes exposées au soleil.
Elle survient sans sensibilisation préalable, dans les minutes ou les heures qui suivent l’exposition.
Elle dépend de la concentration du médicament et de l’intensité de l’exposition solaire.
Elle disparaît rapidement à l’arrêt du médicament (en 8 à 10 jours), mais des tâches hyper pigmentées peuvent persister pendant plusieurs semaines ou mois.
Elle se traduit par un eczéma aigu avec des démangeaisons et des vésicules. Elle concerne les zones exposées mais peut s’étendre aux zones couvertes.
Elle survient chez des personnes préalablement sensibilisées, progressivement en 24 ou 48 heures.
Elle ne dépend pas de la dose de médicament, ni de l’intensité de l’exposition solaire. Elle se déclenche même pour des doses faibles de médicament et d’UV. Il y a risque d’aggravation des lésions lors des expositions successives ou persistantes au médicament.
Elle disparaît en plusieurs semaines à condition de ne plus prendre le médicament incriminé.
Comment reconnaître un médicament photo sensibilisant?
On les reconnait au pictogramme figurant sur la boite: médicament à fort risque photo sensibilisant
Photosensibilisation par voie orale
Elle concerne l’ensemble des zones exposées.
Les médicaments ayant un fort potentiel photo sensibilisant sont:
AINS
Antidépresseurs
Antibiotiques: quinolones, fluoroquinolones, tétracyclines, sulfamides antibactériens. Ces antibiotiques déclenchent des réactions phototoxiques parfois sévères.
la chlorpromazine (famille des neuroleptiques phénothiaziniques) qui induit une pigmentation bleutée en cas de prise chronique
l’amiodarone (famille des antiarythmiques) qui est à l’origine d’une pigmentation bleu ardoisé sur les zones découvertes, plus fréquemment à partir de la deuxième année de traitement. Cette pigmentation est réversible à l’arrêt du traitement mais peut mettre 10 à 24 mois à disparaître !
le millepertuis, utilisé par voie interne dans le traitement des dépressions légères, car il contient des substances photo sensibilisantes.
Antitussifs oxomémazine: Toplexil®
Photosensibilisation locale
Elle ne concerne que les zones d’application.
Les médicaments les plus souvent incriminés sont:
Phénothiazines (prométhazine, chlorproéthazine)
AINS en particulier le piroxicam et le kétoprofène qui induisent une réaction photoallergique
Antiacnéïques tels que l’adapalène, l’isotrétinoïne, la trétinoïne et le peroxyde de benzoyle qui majorent les phénomènes d’irritation cutanée au soleil.
Si la pathologie le permet et après avis médical, il est préférable de suspendre ou de diminuer la prise de médicaments photo sensibilisants pendant la période estivale, lors de séjours au ski, à la mer, à la montagne ou encore pour des destinations comme les Tropiques où l’index UV est important.
Suspendre les traitements antiacnéïques oraux à base de cyclines (en particulier la doxycycline) et ce quelques jours avant l’exposition. Pour les antiacnéïques locaux, vous devez suspendre l’application la veille, le jour et le lendemain en cas d’ensoleillement intense et ponctuel. L’association de médicaments photo sensibilisants est à éviter car elle augmente le risque de photo dermatose
Pour les traitements au long cours, le médecin peut envisager de changer de molécule.
Combien de temps faut-il faire attention après l’arrêt du traitement?
Liste non exhaustive
AINS locaux, évitez l’exposition jusqu’à 10 jours après.
Quinolones par voie orale, la protection solaire doit être prolongée 4 à 5 jours après l’arrêt du traitement.
Cyclines: la protection solaire doit être prolongée 8 jours après l’arrêt du traitement. Vertéporfine: évitez l’exposition pendant 24 heures Porfimère, utilisé dans le traitement des endobrachyoesophages: évitez l’exposition pendant les 30 jours suivant l’arrêt du traitement
Limitez l’exposition solaire en cas de poursuite du traitement
limitez au maximum l’exposition au soleil, aux machines UV, mais aussi à la lumière artificielle intense (lampes halogènes, lampes scialytiques des blocs opératoires ou des cabinets dentaires, etc…)
utilisez un écran solaire à fort indice de protection (50 et +) sur les zones découvertes et renouvelez l’application toutes les heures
Conseil : Dans le cas des traitements locaux, protégez uniquement les zones d’application.
Les aliments contenant des psoralènes (céléri, persil…),
les boissons contenant de la quinine (Gini, Schweppes),
les conservateurs (métasulfite de sodium ou E223),
les édulcorants de synthèse à base de cyclamate ou E952
Risque de photosensibilisation surtout chez les patients sous traitement photo sensibilisant (cas observés avec le psoralène).
Parfums contenant de l’essence de bergamote, des huiles essentielles de lavande, de santal, de cèdre, de vanille…
Certains déodorants à base de triclosan, des cosmétiques à base de baume du Pérou sont également concernés.
Se maintenir à l’ombre pendant toute la durée du traitement photosensibilisant et même après arrêt de la molécule en fonction du médicament (jusque 30 jours).
Utiliser une photo protection efficace: vestimentaire, lunettes de soleil, écran solaire en privilégiant les écrans minéraux pour leur inertie (allergie possible aux filtres chimiques et/ou aux parfums des crèmes solaires)…