On traite le SIDA par des antirétroviraux. Tout patient séropositif peut bénéficier d’un traitement antirétroviral, et plus on traite tôt, plus on a de bénéfices aussi bien sur la charge virale que sur les comorbidités (cardiovasculaires, cancer…)
Les points clés du traitement | SelectAfficher> |
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Les principales thérapeutiques actuelles visent à inhiber le cycle viral en agissant à plusieurs niveaux :
L’objectif principal est double : rendre la charge virale plasmatique Le traitement est chronique, il utilise les antirétroviraux selon différents schémas thérapeutiques. Les objectifs sont la meilleure tolérance possible, à court, moyen et long termes, l’amélioration ou la préservation de la qualité de vie. La réduction de la transmission du VIH est aussi une priorité, en particulier chez la femme enceinte. Les antirétrovirauxSix classes d’antirétroviraux (ARV) sont aujourd’hui commercialisées : les inhibiteurs nucléosidiques/nucléotidiques de la TI (INTI), les inhibiteurs non nucléosidiques de la TI (INNTI), les inhibiteurs de la protéase virale (IP), un inhibiteur de l’intégrase (INI), un inhibiteur de la CCR5 et un inhibiteur de la fusion.
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Les différentes classes d’antirétroviraux
Inhibiteurs de la transcriptase inverse (INTI) | SelectAfficher> |
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Dans cette famille on distingue les analogues nucléosidiques des analogues non nucléosidiques La Transcriptase inverse= enzyme virale qui réalise la transcription de l’ARN viral en ADN proviral avant son intégration dans l’ADN de la cellule infectée.
Effets indésirableslipodystrophies, toxicité mitochondriale (INTI), troubles hépatiques, Troubles neurologiques. Association contre-indiquéeavec la simvastatine et l’atorvastatine. L’efavirenz est responsable de troubles neurologiques à type de sensations vertigineuses le jour d’où une prise conseillée au coucher mais cette molécule induit un onirisme intense avec risque de cauchemars chez près de la moitié des patients pendant les 2 premières semaines de traitement qui s’estompent avec l’adaptation au traitement. Risque aussi de dépression.
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Inhibiteurs de protéase (IP) | SelectAfficher> |
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Les inhibiteurs de protéase (enzyme virale qui permet la maturation de nouveaux virus créés par la cellule infectée) bloquent sélectivement la synthèse du précurseur poly protéique viral gag-pol dans les cellules infectées par le VIH1. Le clivage des polyprotéines Gag et Pol est essentiel à la production de particules virales infectieuses. Ils empêchent ainsi la formation de virions matures et l’infection d’autres cellules. Ils sont indiqués, en association avec d’autres agents antirétroviraux, dans le traitement de l’infection par le VIH1 et VIH2 chez l’adulte prétraité par les antirétroviraux. Effets indésirablesRisque de lipodystrophie, dyslipémies, hyperglycémie, troubles digestifs, toxicité cardiovasculaire (traitement > 2 ans) Biodisponibilité fortement dépendante de la prise d’aliments et/ou boissons Inhibiteurs enzymatiques puissants, les IP sont à l’origine de nombreuses interactions médicamenteuses. Il faut éviter d’associer d’autres inhibiteurs enzymatiques, y compris le jus de pamplemousse. Syndrome de restauration immunitaire: chez les patients infectés par le VIH et présentant un déficit immunitaire sévère au moment de l’instauration du traitement par association d’antirétroviraux, une réaction inflammatoire à des infections opportunistes asymptomatiques ou résiduelles peut apparaitre et entrainer des manifestations cliniques graves ou une aggravation des symptômes. Un ictère scléral (yeux jaunes) sous atazanavir, indinavir ou saquinavir est fréquent. La plupart du temps, il ne traduit pas d’anomalie hépatique grave.
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Inhibiteurs d'intégrase (INI) | SelectAfficher> |
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L’intégrase est une enzyme du VIH qui lui permet d’intégrer son ADN viral à Indication:En association avec d’autres antirétroviraux chez les adultes prétraités ayant une charge virale détectable bien que sous traitement antiviral. Contre indications:Grossesse, prudence en cas d’insuffisance hépatique. Effets indésirablesRisque de rhabdomyolyse. Diarrhées, nausées, céphalées, fièvre (fréquents). Plus rarement: vertiges, douleurs abdominales, flatulences, prurit, lipodystrophies, arthralgie, myalgie, fatigue. Associations à éviterInhibiteurs de la pompe à proton et les anti sécrétoires gastriques, antihistaminiques H2 car augmentation des concentrations plasmatiques de l’antirétroviral. Conseils de priseNe pas croquer, écraser ou couper les comprimés. Avaler les comprimés au cours ou en dehors des repas.
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Inhibiteurs du co-récepteur CCR5 | SelectAfficher> |
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Inhibiteurs d’entrée du virus dans les cellules de l’hôte (inhibiteurs de fusion et antagoniste du corécepteur CCR5). Ces molécules empêchent le VIH de pénétrer dans les cellules, en se fixant de façon sélective au récepteur aux chimokines humains CCR5. Le CCR5 est l’un des 2 corécepteurs du VIH, le second étant le CXCR4. Ce traitement n’est indiqué que dans l’infection par le VIH1 à tropisme CCR5 (test sanguin de tropisme au CCR5). Ces molécules sont bien tolérées en général. Effets indésirables fréquents:nausées, diarrhée, fatigue, maux de tête, réactions cutanées, spasmes et douleurs musculaires, vertiges, insomnie. Prudence en cas d’hypotension orthostatique ou en cas de prise de médicaments abaissant la tension artérielle. Contre indiquési allergie à l’arachide ou au soja présents dans les excipients. Allaitement déconseillé en raison du risque de sensibilisation du nouveau-né.
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Inhibiteurs de fusion (IF) | SelectAfficher> |
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Enfuvirtide (Fuzeon®) De par son homologie de séquence avec une région (HR2) de la GP 41, l’enfuvirtide se fixe dans le milieu extracellulaire à la gp41 du VIH1, empêchant l’entrée du VIH dans les cellules T4 (inhibition du réarrangement structural en épingle à cheveu). Administrationpar voie voie sous cutanée 2/jour. L’injection peut se faire dans la partie haute du bras, la face antérieure de la cuisse ou l’abdomen (injections douloureuses). Effets indésirables:neuropathie périphérique, réactions au point d’injection, infections
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Schémas thérapeutiques de trithérapie | SelectAfficher> |
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La primo prescription doit rendre la charge virale indétectable (<50 copies/ml) en 6 mois au maximum 2INTI + 1INNTI ou 2 INTI + 1 IP/r On instaure un traitement rapidement et par trithérapie afin de limiter le risque de résistance. La survenue d’une résistance virale impose une adaptation parfois récurrente du traitement. Plus d’infos sur: Traitement-ARV_190115_V2.pptx (infectiologie.com)
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Conseils sur les antirétroviraux
Observance | SelectAfficher> |
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Les multi thérapies ont pour rôle notamment de réduire considérablement et rapidement la multiplication du virus dans l’organisme, et de limiter les possibilités de mutation et les phénomènes de résistance. Elles engendrent de nombreuses contraintes dans la vie quotidienne (nombre de molécules pouvant varier de 2 à 5 prises, à jeun pour certaines, au cours du repas pour d’autres, etc…), mais exigent pour être efficaces, une observance stricte (95% minimum ce qui correspond pour un Plus les patients sont observants, plus le succès virologique est important La prise du traitement antiviral ne protège pas complètement d’une éventuelle transmission du VIH à un partenaire. Utilisez donc les précautions appropriées en plus de votre traitement pour vous protéger ainsi que vos partenaires et votre entourage La prise des antirétroviraux doit se faire à heure régulièrependant ou en dehors d’un repas selon la molécule, avec un grand verre d’eau (>100ml), le buste droit, en position assise ou debout, en évitant de s’allonger dans les 5 minutes qui suivent la prise.
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Comment les prendre en pratique? | SelectAfficher> |
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Toute suspension buvable doit être vigoureusement secouée avant utilisation (retournements successifs) Les gélules de Crixivan® doivent être ingérées avec un grand volume de liquide en évitant les eaux alcalines (Vichy®…). Il faut boire 2 à 3 grands verres d’eau dans les 2 heures qui suivent la prise (200 à 300ml) et au moins 1,5 litre par jour. Le comprimé de Truvada® peut être délité dans de l’eau, du jus d’orange ou Les comprimés de Videx® doivent être pris simultanément par deux, croqués ou dissous dans plus de 30ml d’eau plate ou de jus de pomme, en évitant les boissons acides (jus d’orange, Coca-Cola®…) et gazeuses. Les comprimés de Prezista® doivent être avalés avec de l’eau ou du lait. La solution buvable de Norvir® ne doit pas être diluée dans de l’eau, mais être mélangée dans du lait chocolaté. Elle nécessite une bonne agitation avant chaque prise. Le verre doseur doit être immédiatement lavé au produit à vaisselle après usage et parfaitement sec avant chaque utilisation. La poudre Viracept® pour solution buvable doit être mélangée uniquement avec de l’eau ou du lait, mais pas avec d’autres liquides, en particulier des boissons acides (jus de fruit) en raison du gout. La solution de Rétrovir® doit être diluée dans une solution de glucose à 5% (isotonique) et administrée par voie intraveineuse lente en une heure minimum.
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Attention aux interactions médicamenteuses | SelectAfficher> |
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Tout traitement antiviral doit donner lieu à une recherche méticuleuse d’interactions. Pour en savoir plus: www.hiv-druginteractions.org . Demandez toujours conseil à votre médecin ou à votre pharmacien.
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Conservation au réfrigérateur | SelectAfficher> |
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capsules de Aptivus, Kaletra et norvir; solution buvable de kaletra et emtriva
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Que faire en cas d'oubli de prise? | SelectAfficher> |
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Si le médicament s’administre une seule fois par jour, prendre son médicament immédiatement, même en cas de retard important (15-20 heures) et conserver au minimum 4 heures entre les 2 prises (6 heures avec Prezista®) Si le médicament s’administre 2 fois par jour, prendre son traitement jusqu’à la 8ème heure habituelle de prise
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Anne-Sophie DELEPOULLE (Dr en Pharmacie)
Dernière modification le: Sep 20, 2021 @ 15h17