La maladie de Parkinson est aujourd’hui la maladie neurodégénérative la plus fréquente après la maladie d’Alzheimer. Elle touche entre 0,16 à 0,3% de la population dont 4% des plus de 80 ans. Elle survient entre 55 et 65 ans et affecte légèrement plus d’hommes.
Elle provoque des tremblements, une raideur et une lenteur dans les mouvements.
Le traitement ne guérit pas la maladie mais il améliore les troubles moteurs.
Peut-on éviter cette maladie? Comment améliorer la vie des séniors atteints par la maladie de Parkinson?
La maladie de Parkinson est causée par une dégénérescence progressive des neurones de la voie dopaminergique nigro-striale (locus niger), en même temps que d’autres populations neuronales.
On constate aussi une atteinte des neurones noradrénergiques du locus ceruleus ( responsables de dépressions), neurones adrénergiques, neurones sérotoninergiques du raphé, neurones cholinergiques (responsables des anomalies cognitives). La variabilité des zones atteintes, d’un patient à l’autre explique la différence des symptômes d’un individu à l’autre.
Au décès du patient, l’autopsie met en évidence une destruction de ces neurones à plus de 70%
Signes cliniques de la maladie de Parkinson
Les 3 grands signes cardinaux de la maladie sont liés à la carence dopaminergique au niveau de la substance noire:
Tremblements au repos (absent dans 10 à 30% des cas) qui affecte principalement les mains. Il disparaît pendant le sommeil et pendant les actes manuels volontaires. Les tremblements augmentent lors du stress ou du calcul mental.
Bradykinésie (difficulté à écrire, marche mal assurée, flexion du tronc en avant, piétinement au démarrage…), ou akinésie
Hypertonie ou rigidité musculaire (signe de la « roue dentée« : l’articulation est mobilisée sans aucune fluidité par mouvements en « cliquet »). Attitude fléchie du corps vers l’avant.
Autres signes associés ou précédant la maladie de Parkinson: manifestations psychiatriques (dépression inexpliquée), de troubles cognitifs, de dysesthésies, paresthésies et signes algiques et/ou sensitifs directs, de dysautonomie (hypotension orthostatique, constipation, troubles sphinctériens, hypersudation, etc.), perte précoce de l’odorat, mouvements anormaux des globes oculaires (crises oculogyres), immense fatigabilité à l’effort, présence de rêves très animés dans le sommeil paradoxal, douleurs pseudorhumatismales…
Causes de la maladie
Dégénérescence spontanée liée au vieillissement. Lors du vieillissement des neurotransmetteurs, le système dopaminergique est le premier touché
Origine infectieuse: syndrome post encéphalitique. L’infection par l’hépatite C par exemple, multiplie par 2,5 le risque de développer une maladie de Parkinson*. Ces infections provoquent une inflammation cérébrale, ainsi que la perturbation de la transmission neuronale dopaminergique.
Origine traumatique: traumatismes répétés, boxeurs…
Syndrome athéromateux
On retrouve parfois une origine génétique à la maladie de Parkinson dans environ 10% des cas. Il existe des formes familiales de cette maladie liée à la mutation de divers gènes dont le gène codant pour la protéine pakine, ou encore la duplication du gène normal de l’alpha-synucléine (SNCA). La maladie se manifeste alors avant l’âge de 30 ans, souvent même à 20 ans. Un dosage de cuivre sérique est alors nécessaire afin de faire le diagnostic différentiel avec la maladie de Wilson.
Origine toxique: le Cobalt, le manganèse, les pesticides seraient impliqués dans le développement de la maladie
Origine iatrogène: les dérivés de phénothiazines, le sulpiride, le métoclopramide peuvent entrainer un syndrome pseudo parkinsonien
La consommation de café et de tabac semble jouer un rôle protecteur. La nicotine agirait comme en facilitant le relargage de la dopamine, comme antioxydant ou comme inhibiteur de l’activité de la MAO B. La caféine agit par inhibition du récepteur de l’adénosine A2.
Une alimentation riche en fruits et légumes pourrait avoir une action prophylactique liée à sa haute teneur en antioxydants
Médicaments
La prise de statines, d’œstrogènes ou d’AINS aurait aussi un rôle protecteur.
La maladie de Parkinson est parfois difficile à accepter par les patients. Le but est de leur permettre de garder leur autonomie le plus longtemps possible, indispensable pour leur maintenir le moral.
Pour améliorer le confort et la sécurité d’un patient atteint de la maladie de Parkinson, quelques précautions peuvent être utiles
La prise du traitement antiparkinsonien doit être régulière , à horaires précis. La posologie est adaptée en fonction de chaque patient; ne pas se fier aux médicaments du voisin!!
En cas d’oubli de prise inférieure à 2 heures, la dose manquante peut être prise. Attention ne pas prendre 2 doses en une seule fois, mais attendre la prise suivante en la décalant éventuellement si besoin. L’utilisation d’un pilulier permet de mieux suivre la prise de ses médicaments.
Caler son rythme de vie sur la prise des médicaments
Adapter son emploi du temps en fonction des horaires de prise des médicaments
Attendre que le traitement soit vraiment efficace afin de programmer des sorties, ou de faire ses courses.
Habillage
Préférer des vêtements amples, faciles à enfiler et à enlever, avec des velcro, fermetures éclair ou des gros boutons
Pour faciliter la pose des bas ou des collants, utiliser un enfile bas (BADACHIL® Enfile bas, Rolly Enfile bas, enfile bas radiante, …)
Pour faciliter le chaussage: utiliser un chausse pied avec un long manche.
Prévoir des chaussures sans lacets (à velcro) ou équiper les chaussures de lacets élastiques.
Prendre des chaussons enveloppants qui maintiennent bien le pied.
Repas
En cas de difficulté à tenir les couverts, il existe des couverts ergonomiques.
Si la personne ne mange plus que d’une seule main, un rebord d’assiette permet de retenir les aliments
Pensez aussi aux sets de table antidérapants et aux verres anti renversement.
Pour protéger les vêtements, utiliser un bavoir imperméable long.
Prévenir les risques de chute
Aménager son domicile pour faciliter les déplacements et éviter les chutes. Enlever les fils électriques et les tapis posés sur le sol. Bien éclairer la maison. Prévoir des tapis antidérapants.
Faire poser dans la salle de bain des barres de maintien à ventouse ou à fixer (il existe des barres droites ou coudées).
Installer dans la salle de bain des tapis de bain antidérapants pour la douche ou pour la baignoire.
Afin de faciliter le ramassage des objets posés sur le sol, et d’éviter de se baisser, utiliser une pince de préhension.
Si la personne utilise une canne de marche, équipez sa canne d’une dragonne en cuir afin qu’elle ne la fasse pas tomber.
Afin de mieux se relever d’une chaise installée face à une table, pensez au disque pivotant.
Si la personne utilise un fauteuil roulant, il existe une ceinture de maintien ventrale pour fauteuil.
Equiper la personne d’une alarme de télé assistance pour alerter l’entourage en cas de chute (Minifone).
Afficher près du téléphone les numéros importants de façon très lisible. L’idéal est d’avoir un téléphone avec des touches présélectionnées
Même si la maladie de Parkinson entraîne une réduction des activités motrices, le manque d’exercice physique développe et aggrave les gênes provoquées par la maladie : atrophie musculaire, raideur des articulations, contractures.
Inversement, l’exercice régulier améliore l’action du traitement médicamenteux.
La rééducation seule n’est pas suffisante en l’absence d’une activité physique quotidienne.
Conseils pour les exercices
Ne pas s’épuiser : Il est préférable de faire les exercices en douceur que d’avoir des mouvements violents.
Privilégier les mouvements lents, amples et harmonieux aux mouvements saccadés, en travaillant le rythme de la respiration. Contrôler votre pouls avant l’exercice et ne dépassez pas 100 pulsations/minute. Faites une pause si vous êtes essoufflé.
Évitez les changements brusques de position ; bien respecter les phases de transition.
S’arrêter en cas de douleur.
Les mouvements involontaires, s’ils perturbent la précision des exercices, ne sont pas une raison pour les délaisser.
Il faut en revanche éviter d’essayer de pratiquer durant les périodes de blocage.
Après l’exercice, s’installer confortablement pour un repos d’une demi-heure.
Il n’existe pas de « régime Parkinson » dont l’efficacité a été prouvée scientifiquement. Le principal est d’avoir une alimentation naturelle, équilibrée, et de conserver le plaisir de manger.
Les parkinsoniens ont une prédisposition à la constipation : ils doivent consommer suffisamment de fibres et de liquides.
De nombreux patients ont tendance à perdre du poids. Veillez donc à avoir un apport calorique suffisant.
Les grandes quantités de viande (beaucoup de protéines !) peuvent interférer avec la prise de médicaments (L-Dopa) et limiter leur action. En réalité, les protéines (notamment d’origine animale) contiennent de nombreux acides aminés aromatiques, qui présentent une structure similaire à celle de la lévodopa et gênent la résorption de cette substance dans le sang et le cerveau.
Méfiez-vous des plats cuisinés du commerce. En effet, ces plats contiennent du glutamate (un exhausteur de gout). Il a été démontré que des quantités trop importantes d’acide glutamique détruisait les neurones in vitro. Même si aucune étude scientifique n’a mis de relation sur les effets néfastes du glutamate in vivo, la prudence reste de mise.
La curcumine, issue du curcuma empêche l’agrégation de l’alpha-synucléine et sa liaison à d’autres protéines (phénomène impliqué dans le développement dans la maladie de Parkinson)*
ICOMT en développement qui exercerait, de façon indépendante de l’inhibition enzymatique, des propriétés antioxydantes et serait donc en plus neuroprotecteur
Luminothérapie basse intensité
Après avoir exposé pendant 2 heures des neurones à un rayonnement laser d’une longueur d’onde de 810 nm (fréquence proche de l’infrarouge), les auteurs de cette étude ont démontré un réveil des mitochondries, habituellement ralenties dans la maladie de Parkinson (processus de dégénération neurologique)*.
Une équipe de chercheurs de Créteil* a remarqué une amélioration de sujets parkinsoniens sous patch de nicotine, rejoignant ainsi des données expérimentales ayant démontré la présence de récepteurs nicotiniques sur la voie nigrostriée dopaminergique et des données épidémiologiques ayant montré une plus faible prévalence de la maladie chez les fumeurs. Une étude monocentrique en simple aveugle randomisée sur l’amélioration du patient parkinsonien sous patch de nicotine est en route depuis 2009. Les résultats définitifs de cet essai thérapeutique original sont très attendus par le corps médical.
Une équipe de neurologues de Boston a démontré que l’utilisation d’agonistes béta-2 adrénergiques comme le salbutamol réduisent l’expression du gène SNCA dans les neurones.
En cas de réapparition des troubles sous traitement: besoin de réajuster la posologie ou le traitement
En cas d’endormissement brutal, hallucinations, délires… Il s’agit surement d’un effet indésirable du traitement: Une consultation d’urgence par un neurologue est nécessaire