La pression artérielle baisse physiologiquement en début de grossesse, elle se stabilise au deuxième trimestre, en général à des valeurs inférieures de 15 mm Hg environ à celles mesurées avant la grossesse. Au cours du 3ème trimestre, la pression artérielle remonte à des valeurs équivalentes, voire supérieures à celles mesurées pendant la grossesse. Toutefois, l’ HTA est fréquente et parfois grave chez la femme enceinte.
L’hypertension gravidique se définit par une PAS>140 mmHg et PAD>90 mm Hg lors de 2 consultations successives. A partir de ce seuil, le risque périnatal augmente.
A partir du seuil 160/110 mmHg, le risque de complication grave augmente. Une pression artérielle supérieure à 170/110 mm Hg justifie une hospitalisation en urgence.
Comment faut-il prendre sa tension pendant la grossesse?
La mesure de la pression artérielle chez la femme enceinte est recommandée en position assise, le bras à la hauteur du cœur. Les mesures en position couchée ou debout majorent les valeurs mesurées de la pression artérielle.
Une hypertension chronique est présente chez environ 2% des femmes enceintes. Cette hypertension artérielle préexistante ne provoque pas en soi de prééclampsie, mais elle peut coexister avec une hypertension artérielle gravidique.
Médicaments antihypertenseurs autorisés pendant la grossesse:
En cas d’hypertension artérielle préexistante avant une grossesse, les bêtabloquants non cardiosélectifs (Trandate®), les antihypertenseurs centraux (Catapressan®, Aldomet®) et les inhibiteurs calciques (Loxen®, Adalate®) sont autorisés.
Médicaments antihypertenseurs contre indiqués durant la grossesse:
Les IEC, les ARA2, les antirénines (sartans), les inhibiteurs calciques, les diurétiques en général et les thiazidiques en particulier sont contre-indiqués chez la femme enceinte ou qui allaite car ils exposent à diverses malformations
Une hypertension gravidique apparaît lors de 4% à 8% des grossesses
Avant 20 semaines d’aménorrhée, cette hypertension ne nécessite d’aucun traitement. En effet, les modifications hormonales durant la grossesse s’accompagnent d’une augmentation des résistances périphériques tendant à faire augmenter la pression artérielle.
Après 20 semaines d’aménorrhée, l’hypertension est liée à un autre phénomène: on parle alors d’hypertension gravidique. Une protéinurie est recherchée; si elle est supérieure à 300 mg/24 heures, la patiente souffre de pré-éclampsie, et bénéficiera d’un traitement.
Ce sont des grossesses à suivre étroitement pour éviter les crises hypertensives graves (crise de pré éclampsie)
L’objectif du traitement est de stabiliser la pression artérielle à moins de 160/110 mm Hg sans la baisser trop vite.
De nombreux anti-hypertenseurs sont contre-indiquée en cas de grossesse car ils exposent à des malformations chez le bébé. Parmi les molécules utilisables sans risque, on retrouve:
Labétalol IV associé à du sulfate de magnésium
alpha-méthyl dopa
clonidine
nicardipine
nifédipine
La pré-éclampsie et l’éclampsie sont encore à l’origine d’importantes morbidités et mortalité maternelle et néo-natale.
Il a été démontré que la pré-éclampsie était associée à une ischémie placentaire, elle-même à l’origine d’une dysfonction endothéliale systémique. Plusieurs travaux ont mis aussi en évidence un défaut de synthèse de monoxyde d’azote (NO), substance vasodilatatrice, synthétisée principalement dans les cellules endothéliales.
La fréquence est de 2 à 7% chez les femmes lors de leur première grossesse.
Les signes cliniques de complication d’une crise de pré éclampsie sont:
maux de tête constants et inhabituels, troubles visuels (mouches volantes), gonflement des doigts, prise de poids rapide, bourdonnements d’oreille, douleurs hépatiques, nausées, vomissements sévères, douleurs thoraciques, dyspnée, hypotrophie fœtale à l’échographie.
Elle se manifeste par une hypertension artérielle gravidique et d’une protéinurie > 300 mg/24 heures.
Une hyperuricémie (augmentation du taux d’acide urique) est fréquente. Elle a une valeur diagnostique similaire à une protéinurie sans être un facteur prédictif de complications.
Quels sont les facteurs de risque d'une pré-éclampsie?
L’éclampsie associe une élévation sévère de la pression artérielle et la survenue de convulsions, en général dans la deuxième moitié de grossesse, durant l’accouchement ou dans les 2 jours qui suivent.
Une crise d’éclampsie ou une toxémie gravidique, crise d’éclampsie dont les principaux risques sont:
pour la mère : insuffisance rénale, épilepsie, hématome rétro placentaire dû à un décollement prématuré du placenta, CIVD
pour le fœtus: hypotrophie fœtale pouvant être à l’origine d’un retard psychomoteur, de prématurité accompagné d’un risque accru de morbilité néonatale ou de mort fœtale in utero
Si vous faites de l’hypertension artérielle ou si vous en avez fait pendant votre grossesse, il est utile d’appliquer les recommandations suivantes dans les jours suivant l’accouchement:
Vous sont contre indiqués: contraception estroprogestative (pilule), bromocriptine (utilisée pour inhiber la montée de lait)
Surveillez votre tension artérielle les 3 premiers jours car une possibilité de rebond existe.
Divers antihypertenseurs sont considérés comme compatibles avec un allaitement maternel: des bêtabloquants (labétalol, métoprolol), des inhibiteurs calciques (diltiazem, nifédipine), certains IEC (captopril, enalapril), certains diurétiques (chlortalidone, hydrochlorothiazide).
Pour stopper la lactation
Pour inhiber la lactation, la bromocriptine est à bannir chez les femmes hypertendues car elle est susceptible d’augmenter la pression artérielle.